Steven Krashen, n.m. Dictionnaire des cours d'anglais

Définitions

1. Krashen, Steven est un inguiste américain inspiré des années 1970/80 dont les idées font débat jusqu'à nos jours. Krashen a formulé la théorie de l'acquisition naturelle du language et légué à la postérité 5 hypothèses qui ne sont que partiellement vérifiées.

Steven Krashen

5 hypothèses pour la théorie de l'apprentissage naturel des langues


Hypothèse du cycle d'acquisition

On apprendrait les deuxièmes langues comme les premières : en immersion dans un grand bain linguistique, et de façon un peu inconsciente, sans effort.

Hypothèse du cycle conscient

Selon Krashen, Le conscient sert à contrôler la qualité des productions écrites et orales : cet apprentissage volontaire et conscient chez l’adulte est rempli par l’entourage de l’enfant pour sa langue maternelle.

Hypothèse de l'ordre naturel

La maîtrise d’une langue commence par sa compréhension orale. L’expression vient ensuite, avec une progression de facile à difficile. Enfin l’écrit pour lequel des structures grammaticales plus complexes doivent être découvertes et réutilisées.

Hypothèse de l'input

Pour bien maîtriser une deuxième langue, il faudrait situer le travail d’acquisition à un niveau légèrement supérieur à celui de l’apprenant : ni au-dessous, ni au-dessus.

Hypothèse du filtre affectif

La motivation, confiance en soi, et plus généralement les émotions, ont un rôle important dans l’acquisition d’une deuxième langue. Apprendre à partir de sujets qui nous intéressent et que l’on connaît bien dans sa langue maternelle, rend la compréhension et l’apprentissage de la deuxième langue plus motivant, plus facile, plus rapide.

 

La théorie de l’apprentissage naturel pour apprendre une langue sans effort

Les théories de Krashen ont eu un impact important sur l’apprentissage des langues. A commencer par la formulation des objectifs. Dans la mouvance de Krashen, la communauté scientifique à rejeté les exercices formels et répétitifs, la mise en rapport explicite des systèmes grammaticaux entre langue maternelle et deuxième langue, la traduction comme vecteur d’apprentissage. Une langue sert avant tout à communiquer, avait dit Krashen ! Les méthodes et théories linguistiques doivent donc servir cet objectif.

Côté progressivité de l'apprentissage, personne ne conteste plus l’idée que la phase de compréhension précède celle de l’expression orale, ou qu’il faille focaliser l’apprentissage sur des thèmes qui intéressent les stagiaires. Le rôle du « filtre affectif » est validé. Les professeurs d’anglais ont appris à ne plus corriger en permanence leurs stagiaires parce que cela les inhibe. Et à miser sur le ludique pour créer une atmosphère propice à l’apprentissage.

 

Des théories linguistiques controversées

L’influence de Krashen se fait donc sentir aujourd’hui dans la plupart des écoles de langue. Toutefois, d’autres dimensions de ses théories sont restées assez controversées et l’ensemble n’a que rarement été appliqué tel quel, Wall Street English ayant été l'une des seules enseignes à s’en référer.

Première controverse autour de l’idée de l’acquisition, supposée naturelle de la deuxième langue, à opposer à l’apprentissage, supposé conscient. La communauté des chercheurs n’arrive pas à se mettre d’accord sur ce distinguo, et considère qu’il n’est pas fondé.

Deuxième controverse autour de l’idée de faire apprendre des adultes comme des enfants. Est-ce bien adapté ? Toujours est-il que l’idée ne séduit guère les adultes et que, contrairement aux enfants, ils n’ont pas le temps de consacrer une petite enfance bis à l’apprentissage de leur nouvelle langue.

Troisième controverse autour du cycle d’apprentissage qui, s’il est admis, est également nuancé : mal compris, il pousserait les apprenants à ne pas commencer à parler tant qu’ils ne sont pas experts en compréhension !

Quatrième controverse autour de l’idée de « difficulté progressive ». Est-il vraiment possible de mettre l’apprentissage dans un ordre de difficulté croissante ?

  • Est-il plus facile d’apprendre le présent ou le passé simple ?
  • Est-il plus facile d’apprendre « mon tailleur est riche » plutôt que de comprendre une série TV, le « business english » est-il plus difficile que le « general english » ? 

Les linguistes s’accordent aujourd’hui à dire qu’une langue étrangère n’est ni facile ni difficile, elle est ce qu’elle est ; tenter de proposer des niveaux de difficulté croissants revient à imposer des apprentissages peu utiles pour communiquer. Nous en avons tous fait l’expérience à l’école. Il est reconnu aujourd’hui qu’il est plus utile de confronter l’apprenant à la « vraie » langue à apprendre, et qu’utiliser des documents authentiques (journaux, séries TV etc.) accélère l’apprentissage.

Cinquième controverse autour du but de l’apprentissage des langues. Krashen postulait que l’apprenant souhaiterait pouvoir faire dans la nouvelle langue tout ce qu’il faisant dans sa langue maternelle. C’est rarement le cas dans la pratique. Les objectifs des apprenants sont généralement plus limités, et il faut les encourager à identifier dans quels types de situation ils veulent maîtriser leur seconde langue : voyage, négociation, réussite d’examen, contexte professionnel, etc.

 

Et après Krashen ?

Les théories de Krashen ont représenté une des premières tentatives de théorisation de l’apprentissage d’une deuxième langue. Après lui d’autres ont repris le flambeau, notamment avec les théories du Self-directed Learning, de l’Apprentissage Inversé et du Corpus linguistique. Et toutes ces théories plus récentes s’inspirent, complètent et améliorent de diverses façons la théorie de l’apprentissage naturel de Krashen.